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❝ lost in the silence ❞

─ INTRIGUE N°1 ─

Il n'était plus qu'à quelques mètres. Dans une obscurité oppressante, les nerfs à vif, je pouvais le sentir, entendre sa respiration. Je crus même percevoir les battements de son cœur, avant de réaliser que c'était le mien qui tambourinait dans ma poitrine, résonnant d'un écho douloureux dans mes tempes. Et cette fois-ci, j'étais forcée d'admettre que je ne pouvais pas fuir. « Pourquoi ? » J'aurais voulu garder ne serait-ce qu'un peu d'assurance, de dignité, face à ses yeux froids qui me fixaient, sans aucune émotion. Mais ma voix se brisa, alors que le vent glacial mordait ma peau, mouillée par les larmes que je ne pouvais plus retenir. Je prenais, peu à peu, conscience du fait qu'il n'y avait plus d'issues. Plus aucune chance. D'après eux, nous n'étions pas capables de ressentir, parce que nous n'étions pas humains. Alors pourquoi l'idée de mourir était si... terrifiante ? « Vous étiez censés veiller sur nous. Nous protéger. Depuis quand les Midnight sont-ils devenus des assassins ? » Je n'étais plus certaine si j'essayais de le convaincre, ou si j'essayais tout simplement de comprendre, de trouver un sens quelconque à ce qu'il était en train de se passer. Je crus voir l'homme en face de moi réagir à mes mots, une étrange lueur indéchiffrable dans les yeux, mais la seconde suivante, il avait retrouvé son expression imperturbable et glaciale. Pointant son arme dans ma direction, il ne cligna même pas des yeux. « Vous n'auriez pas dû vous échapper. Rien de tout cela ne serait arrivé si... » Si nous avions accepté notre 'destin', si nous avions continué de jouer nos rôles de rats de laboratoire, pensai-je en fermant les yeux, essayant de me préparer au coup de feu qui allait suivre et m'ôter cette liberté, cette vie pour laquelle je m'étais si longtemps battue. Mais le coup de feu ne vint pas. Au moment même où il s'apprêtait à appuyer sur la gâchette, un homme bondit sur lui et le renversa, avant de l'attraper par le col de sa chemise et de lui asséner un puissant coup de poing. « Courez ! » me cria-t-il, à bout de souffle, mais mes jambes refusèrent de bouger. Il ne savait pas à qui il avait affaire. Il n'était qu'un... humain. Un parfait inconnu, pourtant déterminé à prendre ma défense, alors qu'il ne savait rien de moi. J'aurais pu trouver cet élan de courage stupide. Mais la vérité... La vérité, c'est que j'avais beau trouver sa témérité insensée, c'était le geste le plus noble qu'on ait fait pour moi. Et c'était là, toute la beauté de leur rédemption. Ils pouvaient être égoïstes, destructeurs, manipulateurs et hautains, mais parfois, ils étaient capables de grandes choses. J'aurais voulu que les humains ne soient pas mêlés à cette histoire. Mais était-ce réellement possible, de les tenir à l'écart, de ne pas les impliquer dans ce conflit ? La sensation qui me tiraillait, alors que je m'enfuyais en courant et en trébuchant parfois, le souffle coupé, était étrange. Était-ce de la tristesse ? Ou de la culpabilité... Je m'en voulais. D'être partie, de l'avoir laissé seul. Un coup de feu me fit alors sursauter et mon cœur manqua un battement. Les jambes soudainement en coton, je me laissai appuyer contre un mur, dans l'ombre, craignant même de respirer. Il l'avait tué. Il avait tué l'agent qui était à ma poursuite... J'étais parfaitement consciente du fait que je devais m'éloigner, mais quelque chose me conduit en arrière, dans cette ruelle obscure. Et alors que je revenais sur mes pas, une fois de plus, mon cœur se mit à battre la chamade et mes mains devinrent moites. Je ne sus expliquer ce sentiment, mais lorsque je m'approchai, tremblante, du corps inanimé par terre, je me dis que c'était ce qu'on devait ressentir, lorsqu'on avait un mauvais pressentiment. Mes larmes redoublèrent, alors que je me penchais au dessus de celui qui avait sauvé ma vie, au prix de la sienne. Oh, comme j'aurais voulu qu'ils ne soient pas impliqués... | Extrait du journal de Lilliann Hawks, 2011.

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