@ CRÉDITS / TUMBLR.


carosell, alon dante
swimming through the void
we hear the world
we lose ourselves
but we find it all.

› don't hold this war inside

AGE ◭ Dante est âgé de vingt-neuf ans.
LIEU DE NAISSANCE ◭ Il est né un dix sept janvier, aux alentours d'une heure du matin (parce qu'il aime emmerder le monde) au Canada, dans un petit village appellé Court. L'Amérique n'a jamais été un rêve comme les jeunes de son âge, c'était simplement le seul endroit où l'on pouvait utiliser le mot "sujet" pour désigner une personne sans être traité de monstre.
OCCUPATION ◭ Auparavant scientifique au sein du projet Sunrise, ce n'est pas qu'il ait regretté d'y avoir participé. C'était un travail intellectuel très intéressant, lui le génie incompris pouvait assouvir son besoin d'énigmes. Mais avec les conséquences engendrées, il a tout simplement décidé de se retirer, comme un acteur salue son public et passe derrière le rideau. Désormais antiquaire, il se pensait tranquille. C'était trop en attendre de la chance.

Spoiler:

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› a heavy heart to carry

─ Dante dort peu. Et lorsqu'il le fait, c'est catastrophique. Toujours sur le qui-vive, il n'est pas rare de le voir sur son rocking chair, fusil en main, de nuit comme de jour. Paradoxalement, son magasin d'antiquité fonctionne très bien.
─ Il se nourrit beaucoup de pipasols et de fruits secs qu'il affectionne tant. Il possède aussi une pipe qu'il n'allume qu'une fois la nuit tombée. Le jour massacre toute la fumée bleutée qui s'en échappe. Malgré un esprit que l'on pourrait qualifier de pragmatique, Dante sait apprécier les belles chose. Elles lui font oublier que tout n'est que chiffres et algorithmes.
─ De toutes les antiquités qu'il vend, Dante apprécie beaucoup celles qui nécessitent du bidouillage. Des vieilles télés, machines à écrire, radios...rien n'échappe aux longs doigts et aux neurones en fusion de Monsieur Carosell.
─ Dante aime beaucoup la photographie. Depuis que le projet Sunrise s'est formidablement soldé par un cuisant échec, il s'y est mit, mais seulement celle en nor et blanc. Ainsi sur les murs boisés de sa boutique, ne soyez pas étonné de voir des photos sans couleur représentant des choses certes, très belles, mais dont vous n'avez aucune idée de la signification.
─ Dante prétend être allergique à la mayonnaise, à la vérité, cette substance laiteuse, il la déteste. Prétendre à une allergie rend plus soucieux les gens.
─ Lorsque vous pénétrez dans le bureau de Dante, vous pensez que c'est un chienlit. La vérité c'est que pour le jeune homme, le rangement lui serait fatal et il ne retrouverait pas ses affaires dans l'ordre.
─ Très bon nageur, il pourrait passer des heures dans le lac de la ville, à Calhoway Forest. La nuit, il peut y extérioriser ses craintes, faire part aux remous glacés de ses réflexions.
─ La méfiance mêlée à la curiosité est la base des fondements de Dante. Faisant de lui un personnage à part entière, impossible à cerner.

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when you are gone, the summer is cold.
your warm caresses fly away like autumn.
like an old song is our love, my dear,
like an old wound is our love, my dear.
remember me.

› you shoot me down but i won't fall

Toutes ces choses en quoi Dante Carosell avait cru. Et celles qui lui avaient faux-bond. Si c'était à refaire, il s'y lancerait sûrement à corps perdu encore une fois. Pour le goût du risque qu'il affectionnait tellement. Pour ces choses en quoi il croyait, avant. Homme de sciences ne signifie pas que l'on ne peut pas postuler chez la foi.
Il avait essayé, cela avait foiré. Ainsi soit-il comme dirait l'autre. Mais ce soir, pour la première fois depuis très longtemps, il regrettait. Du moins, son esprit était déterminé à le lui faire songer. Victime d'insomnies depuis sa tendre enfance, celle ci était de loin la pire qui lui avait été donné de connaître. Même si elles s'étaient empirés depuis l'incident. Cet incident.

Excédé, à bout, il jeta contre le mur la radio qu'il était en train de réparer à défaut de dormir. Décliner toute responsabilité, toujours. Se savoir impossible à aimer comme impossible à ressentir. Tel était le quotidien de Alon Dante Carosell, dit Dante. Jusqu'à qu'elle déchire le ciel. Le monde aurait bien pu s'effondrer quand le numéro 944 avait ouvert les yeux, il en aurait eu cure. Telle était la vérité. Lui dire au revoir avait été impossible. C'était de sa main qu'elle était née, et de sa bouche qu'elle avait tout apprit. Et il lui avait ouvert la porte pour qu'elle puisse partir. Son sourire avait brisé un cœur glacé de scientifique monstrueux. Elle avait alors suivie le groupe, égarée. Elle...

Elle te fait mal pour rien, espèce de con.

Cette satanée voix, il la connaissait bien. Depuis longtemps qu'elle lui chuchotait des pensées indécentes. Les prophètes et les schizophrènes avaient leurs voix. Les génies aussi.

Va évacuer la merde qui flotte entre tes neurones, sors un peu.

Et obéir sans même réfléchir. Pas de regard bouleversant pour la radio gisant au sol. Ni même de manteau pour se protéger de la nuit polaire. On réajuste un nœud papillon, on met la veste pied-de-poule. La blouse n'étant plus nécessaire. Il ne l'avait jamais porté de toute façon.

Tu feras preuve du même courage que moi.
Quand tu t'élanceras.
Dans le grand froid.

Il posa la main sur la poignée ronde de la porte de sa boutique. Il était encore temps de se retourner, de changer d'air, de...et s'enfonça dans la pénombre aux mains gelées.

Les ténèbres pensent que je suis de toute beauté. Je ne peux les contrarier. Je leur appartiens.

Aucun bruit n'osait s’immiscer dans la petite ville. Seulement des plaintes nocturnes habituelles venant d'un autre temps, d'un autre monde. Et personne sinon le dernier des Carosell pour les entendre. Il fourra ses mains au fond des poches de sa veste en reniflant avec dédain. Soudain, un son inhabituel lui fit lever la tête et ses neurones revinrent s'entrechoquer. Elles n'avaient jamais cessé au fond, mais de façon bien plus discrète.

Aujourd'hui est un beau jour pour mourir, Dante, tu ne trouves pas ?

En effet, quelque chose au fond de lui chuchotait que rien de bon ne ressortirait de cette affaire. Dante décidé qu'il n'en avait rien à foutre. Un cri féminin déchira la nuit, une voix masculine rétorqua. Cela rappelait quelque chose. Plus il se rapprochait, plus l'adrénaline pulsait dans ses veines. Il était encore temps. De faire machine arrière. Dante s'y refusait. L'instinct de survie n'avait jamais été une priorité chez lui. Et il le prouvait encore une fois. L'idée de vie ? L'idée de mort ? Tout ceci ne pouvait avoir de l'importance face à un cerveau en ébullition. Un cerveau tel que celui de Dante Carosell, qui plus est.
S'avancer, plus près. Tout cela était un véritable chienlit. Le calme de la nuit avait été réduit en miettes par deux protagonistes qui intéressaient l'ex-scientifique au plus haut point. Tout était dénué de sens aux yeux de l'homme. Sauf eux. Le temps, même s'il ne pouvait réellement s'arrêter en donnait tous les symptômes. Dante se figea pour contempler le bras suspendu en l'air. Une éclipse.

Ainsi tout n'était que passé. Midnight et Sunrise. Bien sûr. C'était trop beau d'exiger la tranquillité. Tout finit par se payer. Il marqua un temps d'arrêt plus important que le précédent. La sauver serait aisé. Il connaissait les Midnight plus qu'ils ne se connaissaient eux-mêmes. Humains avant tout, il avait toujours eu sur lui le nécessaire, telle était la réponse.
Sa respiration cessa d'émettre un son quelconque. On a toujours le choix, quand bien même on y songe plus. Mettre des boules Quies qui ne le quittaient jamais. Sortir un stylo inoffensif. Éclater les tympans du seul humain se croyant invincible. Le Midnight semblait hurler à en croire ses gesticulations ridicules. Ni douleur, ni regret ne passèrent sur son cœur pour arriver à son visage. En l'espace de quelques secondes, la ruelle était redevenue morte à en crever aussi.

Et le tueur autrefois gardien, disparu.

Carosell, mû par la stupidité qu'il lui était rare de connaître alla à la rencontre de celle dont il venait d'essayer de sauver la vie en sachant qu'elle aurait peut être réussi à tuer le Midnight? Éventualité à ne pas dénigrer. Par intérêt intellectuel -tester cette nouvelle invention- et curiosité -il demeurait humain après tout- il venait de la sauver. Il fallait faire avec. Des yeux bleus furent éclairés par la lumière de la lune, une crinière rousse et une peau diaphane apparurent à leur suite. Cela faisait un an qu'il n'avait pas vu son visage. Bien plus longtemps qu'il essayait de l'effacer de sa mémoire. Tout finit par se payer.

Accroupie dans le noir, le numéro 944 l'observait en silence. Ses grandes iris turquoises écarquillées. Alors comme il l'avait fait tant de fois par le passé, il lui tourna le dos.

« Merci. », murmure écrasé par la distance qu'il tentait désespérément de mettre entre eux. Comme le fou essaie tant bien que mal d'échapper à ses voix incessantes. Elle fut plus rapide que lui, bien sûr. C'est Dante qui le lui avait apprit. "Arrêtez de me remercier à tout va, vous gâchez votre salive. Hors de mon chemin.", le regard fuyant, la mâchoire contractée, sa voix basse était menaçante alors qu'il tentait d'avancer. Il crut s'être débarrassée de sa succube des temps modernes jusqu'à que sa voix revienne lui exploser le cœur.

« Vos délires de génie. Ils étaient pas si délirant que ça, hein ? ». Comment osait-elle le tuer ainsi ? Après tout ce qu'il avait fait pour elle ? L'élève dépassant le maître l'anéantit inévitablement. Dante n'était plus qu'un tas d'éclats de verre éparpillé sur le sol. Tout finit par se payer. Il s'arrêta dans sa course folle, sa fuite du passé. Un réverbère s'éteint lorsqu'il posa ses yeux sur son fantôme. Sa création. La seule, de ces fous qui était parvenue à lui donner l'envie de subsister. Et il l'avait abandonné à eux. Peur et morale ne font pas bon ménage.

« Que voulez vous ? » murmura t-il. Tenté de l’appeler. Mais comment ? Nom, prénom, numéro. Que choisir ? Elle était tout cela à la fois. Elle croyait en lui, il le savait. Ses yeux remplis d'une foi dont elle ne saisissait même pas la définition, conception étrangère pour une Sunrise. Conception qu'il n'avait jamais désiré lui apprendre. Détestée pour Dante, il était le créateur oui. Il était le mentor, il était le médecin, il ne serait jamais l'amant. Et il avait prouvé encore une fois ce soir qu'elle signifierait toujours quelque chose. Toujours.

« Je ne veux pas que vous m'oubliez. » Elle avait toujours été spéciale, pas comme les autres Sunrise. Dotée d'une autre conscience, à part. Aucun vœu de liberté, seulement signifier quelque chose dans les yeux de celui qui l'avait guidé dans le noir. C'est pour cela qu'il l'avait laissé partir, pour cela aussi qu'il se haïssait chaque jour, chaque heure. Chaque putain d'instant où il respirait. « Trouvez vous un autre Dieu, je suis à la retraite. » et lui tourner le dos, toujours, encore. Il imaginait très bien son corps planté là à la lumière des réverbères. Et son sang coulant toujours plus de ses yeux si bleus qu'ils paraissaient magiques.

Imaginer les larmes d'autrui pour oublier combien les nôtres sont brûlantes.
Ses mains dans les poches de sa veste, Dante s'engouffra dans les ténèbres redevenues siennes.